Repas à Liège ce 14 novembre 2021
Rendez-vous à la maison pour un nouvel épisode de ces rencontres gourmandes.
Trop occupé le jour dit pour prendre des notes, les vins ont été commentés à J+1 et J+2, parfois sur des fonds de bouteille. A l’exception des champagnes, ouverts 2 h avant service, tous les vins ont été ouverts et épaulés la veille. La plupart des vins ont été servis en carafe deux par deux, sauf à l’apéritif.
En apéritif : charcuteries (lard d’Arnad et jambon des Bosses), tomate farcie à la burrata et jambon, crème d’endives et curry.
Champagne Eric Taillet Bansionensi 2017
Nez très frais, floral avec des senteurs de citron, de poire mûre et de pomme qu’une légère note oxydative met en valeur. En arrière-plan, on retrouve de la craie pour donner du relief. La bouche propose une bulle légère et beaucoup de fraîcheur. C’est net, juteux, juvénile avec une impression de délicatesse qui n’empêche pas la matière de se montrer tonique et concentrée dans un bel équilibre général. Fin de bouche élégante et assez persistante sur le citron. Très beau champagne d’apéritif.
Champagne Dehours La Croix Joly 2009
Bouquet ouvert et assez complexe sur les fruits jaunes (abricot), l’ananas frais et le biscuit. On perçoit également des senteurs d’herbes aromatiques et de foin avec une pointe crayeuse et des agrumes. La bouche est vineuse et pleine avec une bulle fine. C’est puissant, large et concentré, avec beaucoup de maturité de fruit et de l’accroche grâce à une fin de bouche citronnée plus tendue que prévu. Jolie longueur sur des amers manquant un poil de finesse. Ce manque relatif de finesse est un constat qui peut d’ailleurs caractériser le profil général du cru mais il y a du vin et du bon. A réserver plutôt à la table.
Champagne Follet Ramillon Harmonie 2007
Bouquet discret mais plutôt complexe, brioché avec une touche de grain dur grillé puis proposant plutôt des senteurs d’agrumes et de cire d’abeille avec par intermittence des notes de fleurs et d’épices. Le côté légèrement oxydatif du vin ne trouble en rien son élégance. La bouche attaque d’abord en finesse malgré une bulle un peu agressive malgré tout. La matière tapisse ensuite la palais de ses amers subtils avec une trace rémanente d’élevage. L’ensemble est rond et frais. Avec le temps et le réchauffement dans le verre, les amers deviennent plus prégnants et donnent du caractère au détriment de la finesse initiale. Très belle longueur sur l’abricot confit et le ziste.
Entrée froide : carpaccio de thon rouge, vinaigrette aux herbes, condiment radis et olive noire, salade de jeunes pousses et graines de grenade.
Akra Chrissos Winery Santorini 2018
Vignes plus que centenaires issues des secteurs Magalohori et Pyrgos. Assemblage de 80% d’assyrtiko avec 10% aidani et 10% d’athiri. Culture bio (des essais en biodynamie sont réalisés). Les moûts subissent une cryomacération de 3 jours à 10° et sont vinifiés à basse température (18°) puis élevés pendant 8 mois en cuve ino sur lies. Les vins sont à peine sulfités à la mise. A noter que ce sont les raisins issus des vignes de Spyros Chrissos qui entraient dans la cuvée Louros de Hatzidakis avant le décès de celui-ci.
Nez expressif et complexe dominé par des notes salines salines, iodées et fumées mais on a aussi des arômes d’agrumes marqués (citron vert confit, pamplemeousse rose), des fruits blancs, un peu de poivre et d’herbes aromatiques ainsi qu’une touche de noisette fraîche. Cela reste détaillé et assez subtil derrière une puissance évidente. La bouche et droite et concentrée avec un poil de résiduel qui donne de la gourmandise. Le vin se montre plus dense et large qu’un grand riesling grâce à ses épaules et sa construction compacte mais il partage avec ce cépage un grand dynamisme et beaucoup de rebond tout en restant parfaitement équilibré malgré une pointe d’alcool en fin de bouche. Longueur énorme sur l’ananas confit et des notes minérales exacerbées. Déjà un grand vin.
Chloe Chatzivaritis IGP Slopes of Paiko Assyrtiko MInimus 2018
100% assyrtiko provenant de région de Goumenissa (vignoble de Fyliria). Sols argilo-sableux. Culture bio. Raisins foulés aux pieds. Macération à froid de 2 jours puis fermentation sans intrants en barriques françaises de plusieurs vins. Elevage de 3 mois dans ces mêmes barriques suivi de 6 mois en bouteilles.
Robe dorée soutenue et trouble. Premier nez torréfié, épicé (presque tandoori), chutney de manque et ananas puis notes florales évoquant le jasmin et le génépi. Alcool de capucine et pommes au four avec des notes oxydatives présentes mais maîtrisées. A réchauffement dans le verre, on perçoit davantage de cire et d’encaustique et des senteurs salines plus marquées. Très complexe et original mais il lui manque un poil d’élégance comparé au santorini. La bouche est pleine et ronde sans être vraiment concentrée à cœur. Il y a du jus, la matière est puissante mais fraîche avec un côté encore brut renforcé par une fin de bouche presque tannique. Néanmoins, le vin apparaît finalement presque plus élégant en bouche qu’au nez. Belle persistance. Très beau vin à la personnalité affirmée qui n’est pas vraiment un vin orange contrairement à ce que le profil gustatif pourrait laisser croire.
Transition
Weingut Clemens Busch Riesling GG Marienburg Rothenpfad Reserve 2017
Parcelle de vieilles vignes sise à Pünderich, en forte pente et constituée de schistes rouges argileux délités. Culture biodynamie. Le « Reserve » est une sélection qualitative des vins récoltés sur cette parcelle et élevé plus longuement que le grosses Gewächs classique du même cru (24 mois en foudres sur lies).
Premier nez à demi-ouvert sur le citron confit et le miel de fleurs. Ensuite cela se complexifie avec des senteurs plus florales (acacia, jasmin), des arômes de poire, de compote à la rhubarbe, de tabac blond et un poil de menthe. En filigrane, des nuances plus salines traversent le bouquet. C’est élégant. La bouche est nette et pleine, concentrée en largeur et en profondeur avec une fraîcheur énorme qui dynamise le vin. L’ensemble est solide mais parfaitement équilibré. Très belle longueur fruitée avec un retour du miel et des notes minérales.
Weingut Fritz Haag Riesling GG Brauneberger Juffer Sonnenuhr 2017
Sélection de raisins issus de vieilles vignes en partie franches de pied. Parcelle au sol de schistes du dévonien délités, exposée plein sud et en forte pente. Vinification partie en foudre et partie en cuve inox suivie d’un élevage sur lies.
Bouquet discret mais fin, salin sans être vraiment terpénique, avec des senteurs d’agrumes (particulièrement la mandarine) et de fleurs associées à l’amande fraîche et au miel. C’est très élégant et séducteur. La bouche est délicate, presque cristalline et verticale mais malgré tout concentrée. Le vin propose une acidité fruitée fondante car superbement enrobée par un peu de gras et une belle maturité de matière. Aucun tranchant mais une belle et douce fraîcheur générale. La finale, bien persistante, voit réapparaître les notes terpéniques et salines ainsi que quelques amers délicats. Excellent riesling élégant et profond à la fois.
Entrée chaude ; noix de Saint Jacques de Dieppe, tombée de poireaux, girolles, crème de noisettes, truffe noire
Domaine Marc Colin Chassagne Montrachet Les Caillerets 1995
Premier nez sur la crème brûlée, l’abricot et la pierre chaude ; ensuite, cela s’affine en proposant plusieurs facettes successives avec des notes florales subtiles (jasmin, chèvrefeuille) et de fruits secs (noisette grillée) puis d’herbes aromatiques (thym, origan), de fumée et même de silex au réchauffement. C’est complexe et plutôt élégant. La bouche est concentrée et fine, très fraîche et encore jeune grâce à un beau fruit juteux. Matière en demi-corps, restant assez savoureuse malgré une pointe d’amertume en fin de bouche qui donne du relief mais aussi de la sévérité. Belle persistance avec un retour curieusement plus boisé et une pointe de caramel blond. Joli vin à point qui ne fait pas ses 25 ans.
Domainbe Bruno Clair Corton Charlemagne 1999
Bouteille malheureusement atteinte d’un léger TCA qui la rend difficile à déguster.
Transition
Domaine La Tour du Bon Bandol 2012
Bouquet bien en place et détaillé aux arômes de fruits noirs (cassis, mûre) et d’épices où l’on retrouve le poivre, les herbes de garrigue et les baies de genévrier. Par-dessus, une touche de bois noble, des notes de café, d’eucalyptus et de chocolat noir. C’est très plaisant et plein d’élégance. L’attaque en bouche est fine et la suite plus droite avec des tanins encore marqués mais fins et mûrs. On a un jus bien concentré, frais et plutôt ample. Cela devient un peu plus rustique en fin de bouche (surtout au réchauffement dans le verre) où quelques angles refont surface. Jolie longueur sur les fruits épicés. Il y a de la réserve et l’alcool (14,5% quand même) reste imperceptible.
Domaine Marie-Thérèse Chappaz Grain Cornalin 2012 (Valais – Suisse)
Premier nez sur la cerise noire bien mûre. Ensuite survient l’automne qui va surjouer avec les notes fruitées : bois sombre, terre humide, feuilles mortes et même cendre froide. Il y a de la présence mais finalement peu de complexité. La bouche attaque lisse et en rondeur avec des notes de fruit en surmaturité puis la structure se met en place et s’appuie sur des tanins bien mûrs et une acidité fruitée et séveuse. La finale mentholée est rafraichissante mais d’une persistance qu’on aurait aimé plus importante.
Plat : Tranche d’obus irlandais, croûte aux herbes, jus acidulé, pomme duchesse, petits pois en purée et nature, galette fine à la noisette
Weingut Bernhard Huber Spätburgunder Alte Reben 2008 (Baden – Allemagne)
Bouquet net et pur sur les fruits rouges et noirs (framboise, cassis) et les herbes aromatiques (thym, laurier). On perçoit également des notes d’encens, d’amande grillée, de rôti de viande et de pierre chaude. Curieusement, on ressent malgré tout une impression globale d’austérité. La buche est fraîche et précise avec un fruit mûr et des tanins fins et polis qui laissent échapper malgré tout une pointe de verdeur renforçant la fraîcheur de l’ensemble. Equilibre impeccable et fin de bouche bien persistante sur le noyau de cerise avec de la présence et des notes un peu plus végétales. Pour le coup, le profil du vin rappelle à beaucoup de convives un bon cru bourguignon. Très bien.
Azienda Agricola Elisabetta Foradori Teroldego Granato 2008 (Trentino – Italie)
Bouquet discret sur les fruits rouges acidulés (groseille,framboise) et noirs (myrtille, cassis) avec des notes plus végétales (laurier, tabac). S’y ajoutent quelques senteurs plus viandées et sanguines. C’est assez élégant mais de complexité et de charme limités. Fondue en apparence à l’attaque, la bouche se raidit ensuite en raison de ses tanins un peu verts. Mais il y a du jus et la matière, bien concentrée, reste élégante dans sa solidité. Finale de bonne longueur sur des notes plus végétales que fruitées. Globalement, le vin manque un peu d’envergure pour être conservé encore longtemps. A boire donc.
Suite et fromages
Weingut Kollwentz Steinzeiler 2004 (Neusiedlersee Hügelland – Autriche)
Steinzeiler n’est pas une parcelle (même si le lieu-dit existe bel et bien) mais une sélection des meilleurs blaufränkisch issus des vignobles (Riede) Point et Setz complétée par du cabernet sauvignon (ried Setz) et du zweigelt (ried Neusatz). Sols argilo-calcaires d’exposition sud et sud-est regardant le lac de Neusiedl. Macération longues allant jusqu’à un mois et élevage en barriques partiellement neuves pendant 30 mois.
Bouquet profond mais retenu avec un côté un peu ténébreux apporté par des senteurs de terre humide, de fumée et de végétal épicé (tabac noir, sauge, eucalyptus, réglisse). L’élevage est intégré mais le fruit reste à l’arrière plan. On perçoit également des notes de poudre de cacao et de croûte de pain avec des nuances d’olive noire et d’anis qui rendent le tout plus avenant. La bouche est compacte et serrée avec des tanins très présents mais mûrs et bien couverts. C’est puissant avec de la mâche et du volume mais aussi, et surtout, une belle fraîcheur. Finale épicée de bonne persistance avec une retro sur le chocolat noir amer et un retour réglissé. Vin sérieux, pas vraiment épanoui , mais solide.
Az. Agr. Ettore Germano Barolo Lazzarito Riserva 2004 (Piémont – Italie)
Bouquet fermé, très sombre au départ, sur le goudron, le thé noir, le clou de girofle, les champignons des bois et le tabac. Cela s’éclaircit ensuite avec une pointe de menthe poivrée, quelques fruits rouges discrets dont la grenade et du jus de viande. En bouche, c’est volumineux et massif avec des tanins gras mais rudes. La matière est très extraite, concentrée à l’excès et légèrement asséchante quoique arrondie par un alcool assez perceptible. Un peu de fruit émerge en fin de bouche. C’est long, puissant mais terni en l’état par manque de ressort et de finesse. Il reste à espérer que tout cela se civilise dans quelques années.
Dessert : Bavarois à la framboise et bavarois au chocolat
Weingut Angerhof (Hans Tchida) Zweigelt Schilfwein 2004 (Neusiedlersee – Autriche)
Raisins issus de la region d’Ilmitz au bord du Neusiedlersee et passerillés sur claie de joncs. Vinification en cuve inox puis élévage toujours en cuve pendant 22 mois. Les SR frisent en général les 300 gr/lit pour une acidité entre 8 et 9 gr/lit. et un taux d’alcool autour des 8% vol. (je n’ai pas les données exactes pour le 2004)
Bouquet intense et complexe sur le sucre candi, la prunelle et la griotte macérées à l’alcool, la confiture de fraises et de figues avec des notes de bois de cèdre, de baies de genévrier, de café noir et de feu de broussailles. Par moment surviennent aussi des nuances de champignon des bois. La bouche est grasse mais de grande fraîcheur avec du ressort, de la finesse et une belle élégance. Une pointe de fruit rouge et de cannelle imprègnent la fin de bouche. Très grande longueur sur la confiture de fraise et le sucre candi avec une acidité vibrante pour en compenser la richesse. Excellent.
Cantina Rizzi Moscato d’Asti 2020 (Piémont – Italie)
Les raisins proviennent de plusieurs parcelles d’exposition variée disséminées dans la région de Barbaresco (communes de Treiso et Neviglie). L’âge des vignes se situe entre 50 ans pour les plus vieilles et 5 ans pour les plus jeunes. Les raisins sont pressés et débourbés au froid à 0° avant qu’un réchauffement du moût et un levurage ne lancent la fermentation. Celle-ci est stoppée par remise au froid à -3° quand l’alcool acquis est de 5 % vol. Filtration et mise en bouteilles s’ensuivent rapidement.
Nez très frais et expressif avec des arômes de muscat élégants et de citron confit ainsiu qu’une touche florale bien séduisante. En bouche, la bulle est fine et jus propose un équilibre impeccable entre fruit, acidité et sucre. La matière est légère, fraîche et dynamique. C’est gourmand sans aucune lourdeur mais en revanche ces éléments manquent un peu de persistance. Délicieux malgré tout.