CARTE DES CRUSRepas à Liège ce 10 octobre 2024
Rendez-vous à la maison pour un nouvel épisode de ces rencontres gourmandes.
Trop occupé le jour dit pour prendre des notes, les vins ont été commentés à l'ouverture ou à J+1, parfois sur des fonds de bouteille. A l’exception des champagnes et des liquoreux, ouverts 2 h avant service, tous les vins ont été ouverts et épaulés la veille.
Mises en bouche : verrine tzatziki et scampis / crème de potimarron, huile de pépins de courge / rolinia spanaki.
Champagne André Robert Les Jardins du Mesnil Brut Grand Cru
100% chardonnay grand cru issu du Mesnil sur Oger. Base 2012 avec complément 2011. FML non réalisée. Elevage de 10 mois en barriques sur lies pour 20%, le reste en cuve. Repos sur lattes de 5 ans. Dégorgement 12/2018. Dosage 4,7 gr.
Bouquet très frais, citronné, floral et très élégant. Bouche toute en finesse tant pour le jus pour la bulle. C’est précis, épuré, élancé mais pas exagérément tendu grâce au confort apporté par un soupçon de rondeur. Finale persistante délicatement noisetée et crayeuse. Champagne subtil à l’équilibre parfait.
Champagne Guiborat De Caurès à Mont-Aigu Grand Cru Chouilly Extra-brut 2015
100% chardonnay issu de 2 parcelles : les Caurès plantée en 1946 et le Mont-Aigu plantée en 1970. FML bloquée élevage sur lies de 6 mois, tirage en 04/2016 puis repos sur lattes de 68 mois. Dégorgement 12/2021. Dosage : 1,5 gr
Bouquet sur les fruits du verger mûrs (pomme jaune, coing), les fruits secs, le biscuit et les fleurs blanches. Très légère touche oxydative et crayeuse en arrière plan. La bouche est large et vineuse mais reste dynamique et élégante avec une bulle fine mais bien présente. Le jus est sapide et assez concentré et propose une fin de bouche persistante sur la framboise et la pomme cannelle avec une bonne présence d’amers fins.
Entrée froide : Carpaccio d’omble chevalier « al coltello », agrumes et crème d’agrumes, coulis de manque et de citron, croûton à l’huile de noisette.
Domaine Stoeffler Riesling Grand Cru Kirchberg de Barr 2019
Premier nez clairement terpénique qui laisse place ensuite ensuite à des senteurs de fruits exotiques (ananas, mangue), d’abricot, de pain d’épices et d’herbes aromatiques (menthe, romarin). En filigrane quelques notes de pierre humide et chaude se font jour. La bouche est mûre, concentrée et assez dynamique malgré une acidité basse. C’est plus large que vertical mais l’aération tend à faire ressortir la structure du vin et un fruit ample et élégant donne la fraîcheur nécessaire en fin de bouche. Belle longueur fruitée également sur des notes d’orange et de mangue avec un retour minéral punchy.
Weingut Prager Grüner Veltliner Smaragd Achleiten Stockkultur 2019 (Wachau – Autriche)
Les raisins sont issus d’une vieille vigne non palissée (d’où le nom « Stockkultur) et de forte densité (15000 pieds/ha) située tout en haut du Ried Achleiten vers 350 m d’altitude. Sols de Gföhler Gneiss exposés sud-est. Fermentation et élevage en cuve inox sur lies fines.
Bouquet ouvert et complexe sur les agrumes (pamplemousse, citron vert), les fruits exotiques (ananas, banane verte), l’artichaut, la poire et les fleurs blanches. Une salinité très marquée associée à des notes fumées évoquant le feu de broussailles lui donne un côté presque piquant. La bouche est ronde et grasse avec un soutien acide qui l’empêche de s’étaler. C’est puissant, juteux et concentré à cœur avec un milieu de bouche fruité qui bascule sur les épices poivrées et les amers en fin de bouche. Grande longueur oscillant entre fruit et amers de classe. Excellent vin au grand caractère.
Entrée chaude : gnocchi au speck, tomates confites, crème au lard, San Daniele.
Ktima Balatsouras Dorian Wines Blend 2019 (Grèce Centrale)
Assemblage de kosmas en majorité et mavro arachovis, cépages endémiques mais oubliés de la région, vinifié selon les méthodes traditionnelles ancestrales. Fermentations naturelles en cuves de bois sans intervention en dehors d’une protection assurée par des branches de sapin maintenues par des cailloux servant à la fois de filtre et d’anti-oxydant. Le processus est illustré ici : Traditional Harvest and Vinification Process - Balatsouras Winery - YouTube Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, il ne s’agit pas d’une sorte de retsina rouge. La quantité de résine passant effectivement dans le moût est infime. La cuvée « Blend » a été plutôt élaborée dans un esprit de produire un vin plus accessible que les cuvées de kosmas pur.
Bouquet sur la cerise bien mûre, l’encre de Chine et une pointe résinée ; ensuite, derrière quelques arômes très légèrement boisés se dégagent de puissantes senteurs de romarin, de rafle de tomate, d’herbes aromatiques et de viande fumée. La bouche est fruitée, puissante et ample avec des tanins fins mais prégnants. L’ensemble se montre chaleureux (en dépit d’un taux alcool de 12,5% seulement) mais l’équilibre est sauvegardé par une belle fraîcheur de jus. Notes d’orange et de quinquina en fin de bouche et longueur étonnante où l’on retrouve un petit côté résiné derrière les fruits épicés. Vin surprenant, très personnel, avec un charme rustique convaincant.
Az.Agr. Giuseppe Rinaldi Langhe Nebbiolo 2019 (Piémont – Italie)
Bouquet assez ouvert sur les fruits rouges (framboise, cerise amarena), le tabac, l’amande et le jambon fumé. Le tout est enrobé de belles notes florales et d’une légère touche d’encens. C’est élégant et plein de finesse. La bouche est infusée mais ferme, franche et juteuse bien qu’encore raidie par quelques tanins à fondre. Globalement, on conserve l’élégance et une certaine délicatesse malgré tout. Jolie finale à la fraîcheur fruitée mais demeurant campée sur sa structure. A attendre quelque temps pour en profiter plus pleinement.
Transition
Weingut Gottardi Blauburgunder 2019 (Alto Adige – Italie)
Domaine de 8,5 ha entièrement voué au pinot noir (blauburgunder). Les 7 parcelles de vignes se trouvent en altitude sur Mazzon sur des sols complexes : grès délités, siltites jaunes et rouges, calcaire, marnes et dolomite. Exposition ouest. Fermentation en cuve inox. Pas de macération pré-fermentaire, pas de pompages (tout le processus se fait par gravité). Elevage, parcelles séparées, pendant 12 mois pour 70% en barriques (un quart neuves) et 30% en foudres de 11 et 15 hl. Ensuite assemblage et élevage supplémentaire de 8 mois en foudres.
Trois mois après le premier CR, on peut franchement copier / coller les impressions de l’époque : « Bouquet déjà séducteur et presque envoûtant sur le cuir, le fraise cuite, le cassis et la prune avec des senteurs de garrigue et de sous-bois. C’est un peu sauvage et présente encore quelques traces d’élevage. La bouche fait preuve d’intensité et de rythme plutôt que de finesse mais est parfaitement équilibrée et bien soutenue par des tanins ciselés de belle qualité. Malgré le fait que le vin est traversé par des amers stylés et une petite pointe d’alcool, on conserve de la fraîcheur, du fruit et, surtout une allonge imposante qui permet de faire oublier les quelques éléments encore à polir et à fondre ». Rien à ajouter ni à soustraire…
Entrée chaude : Ballotine de bar et pancetta, réduction de pinot noir aux épices, poireau fumé
Weingut Rings Freinsheim Gottesacker Spätburgunder 2011 (Pfalz – Allemagne)
Vignes situées à Freinsheim même sur des sols d’alluvions, sabloneux et graveleux (ancient lit du Rhin). Vu le terrain un peu trop chaud, les vignes de spätburgunder ont depuis été remplacées par des cépages bordelais. Fermentation en cuve bois ouverte puis élevage en barriques (très peu de bois neuf). En conséquence, cette cuvée n’existe plus…
Bouquet ouvert, élégant et séducteur sur la compote de prune, l’orange sanguine et des notes florales marquées évoquant la pivoine. L’élevage est insensible. Quelques arômes plus pointus de tabac blond et de speck. La bouche est fruitée et fraîche avec des tanins soyeux et un petit retour de bois en finale. C’est rond, lisse, élégant mais on constate un petit creux en milieu de bouche et l’ensemble manque un peu de dash et de caractère et la belle longueur finale est déstabilisée plutôt que restructurée par ses amers.
Weingut Gerhard Markowitsch Pinot Noir Reserve 2011 (Carnuntum – Autriche)
Ried Scheibner à Höflein, coteau en pente douce entre 210 et 240 m, exposé est et protégé des vents par sa configuration en combe. Argilo-calcaire. Fermentation en cuve bois ouverte puis élevage en barriques et demi-muids pendant 16 mois.
Premier nez assez fermé avec un reste d’élevage qui couvre le fruit puis menthe poivrée, crème de cassis, églantier, café froid et enfin, tonalités plus végétales et terreuses que fruitées qui prennent rapidement le dessus. C’est assez noble mais pas d’une complexité énorme. La bouche est de grande finesse, toute en retenue avec un équilibre irréprochable. On a de la fraîcheur sans aucune verdeur et des tanins lissés et subtils. Belle persistance finale. Tout est en place, rien ne dépasse mais ce côté trop lisse ne déclenche aucun enthousiasme en dehors d’une adhésion raisonnée. Beau vin de bouche malgré tout.
Weingut Meyer-Näkel Neuenahr Sonnenberg Spätburgunder GG 2011 (Ahr – Allemagne)
Sols complexes et squelettiques de grauwacke, grauwacke schisteux, argiles fines et loess. Coteau exposé plein sud (et réputé le plus chaud de la vallée de l’Ahr). Rendement de l’ordre de 30 hl/ha. Fermentation en cuve avec macérations de 20 jours. Elevage en barriques (70% neuves) pendant 18 mois.
Bouquet très aromatique, expansif sans être baroque et presque éthéré. Les épices dominent d’abord (menthe, thym, laurier) avec un côté un peu chaleureux évoquant presque la garrigue. Le fruit arrive derrière (framboise, cerise à l’alcool, coulis de fruits noirs) mâtiné de chocolat noir et de notes finement torréfiées. La bouche se montre épurée et fraîche avec une ampleur élégante et des tanins de grande finesse. Elle allie texture infusée et puissance chaleureusement épicée avec un retour du fruit mûr en finale. Persistance imposante sur les fruits épicés. Magnifique vin.
Plat : rôti de dindonneau, sauce madère, carotte et cébette confites
Château Lagrange Saint Julien 3ème GCC 1993
Assemblage variable de cabernet sauvignon et de merlot (pas trouvé le pourcentage spécifique du millésime) avec un peu de petit verdot. Vignes de 30 ans.
Bouquet ouvert de vieux cuir, de coulis de fruits des bois et de végétal épicé. Notes de fumée, d’encens et de viande. A l’aération, le nez est dominé par le sous-bois, l’humus et un reliquat d’élevage. La bouche est douce et ferme à la fois avec des amers et des épices. Les tanins sont polis mais un peu verts ce qui cause une légère sécheresse en fin de bouche. Jolie longueur avec encore du fruit. Vin d’un grand classicisme à la séduction toutefois limitée (même si on l’attendait pas à ce niveau…)
Château Cos d’Estournel Saint Estèphe 2ème GCC 1985
Assemblage de 60% cabernet sauvignon et 40% merlot. Vignes de 35 ans.
Bouquet puissant et profond, camphré et mentholé, sur les fruits noirs, les agrumes, la viande séchée et les épices sombres (clou de girofle, noix de muscade). Notes torréfiées de noisette et de pain grillé mais également thym et thé. Bois discret mais encore sensible par moment. C’est plutôt complexe et par moment envoûtant lorsque le boisé s’estompe pour laisser paraître le fruit. Bouche dense et ample avec une belle rémanance du fruit mais aussi de la puissance et une grosse structure posée sur des tanins certes lissés mais encore bien présents. Très grand longueur sur le fruit épicé et le végétal noble. Style aristocratique, sérieux sans être sévère. Excellent bordeaux à point.
Te Mata Estate Coleraine 1998 (Hawke’s Bay – Nouvelle Zélande)
Première cuvée en 1992. Assemblage de 60% cabernet sauvignon, 32% merlot et 8% cabernet franc (sélection de parcelles dans les Havelock Hills). Vignes de 20 ans sur des sols de limons graveleux et sables. Exposition nord. Fermentation en cuve bois ouverte avec macération de 18 jours. Elevage de 20 mois en barriques françaises (70% bois neuf).
Premier nez discret mais séduisant sur les fruits des bois, l’eucalyptus et des notes florales de grande finesse. Ensuite s’ajoutent senteurs de cuir, de cacao, de moka et de nuances plus végétales (feuille morte, tabac, écorce de chêne). La bouche associe présence et finesse avec une matière riche et finement structurée par ses tanins gras et très mûrs. On a de la mâche et de la puissance et un vin qui se tient avec fraîcheur jusqu’à une très belle persistance finale sur le fruit noir et le végétal mentholé. Grande classe et encore une belle jeunesse malgré son quart de siècle.
Fromages italiens
Clos Velicane Sivi Pinot 2021 (Jeruzalem – Slovénie)
Bouquet disert sur les agrumes mûrs et les fruits exotiques avec des notes de poire et de fleurs jaunes qui ajoutent de la complexité. Le tout s’appuie sur un substrat salin qui donne du caractère. La bouche est ample et serrée, tonique avec une présence et un volume axé sur un fruit mûr acidulé qui tranche avec certains standards liés au cépage. C’est énergique, persistant et très élégant avec des amers subtils qui confortent le style dynamique du vin.
Az.Agr. Burlotto Sauvignon Viridis 2021 (Piémont – Italie)
Vignes situées à Verduno (cru Castagna). Exposition nord-ouest à 350 m d’altitude. Principalement marnes de Sainte Agathe. Macération préfermentaire occasionnelle. Fermentation en cuve inox. Malos bloquées au froid et élevage de 6 mois sur lies en cuve.
Nez ouvert et très expressif sur l’ananas frais bien mûr, la mandarine, le pamplemousse et les fleurs jaunes (mimosa). A l’arrière plan, c’est plutôt végétal avec aussi un côté pierreux et levuré par intermittence. La bouche est très fruitée avec du grain et une très belle fraîcheur. C’est élancé et net tout en étant suffisamment arrondi. Jolis amers en fin de bouche et belle persistance sur les fruits exotiques. Séducteur et un peu variétal mais sans excès.
Dessert : Tarte aux prunes maison
Weingut Loersch Trittenheimer Fels Terrassen Riesling Halbtrocken 2023 AP 04-24 (Moselle – Allemagne)
Vignes de 80 ans au cœur du Lage Apotheke. 11 % vol.
(J+2) Nez jeu et fringant, expressif, sur l’ananas, le raisin frais légèrement muscaté, les fruits du verger mûrs (poire, pomme verte), pomelo et fleurs blanches. Complexe et très salin derrière la maturité de fruit et le sucre légèrement perceptible. Bouche juteuse et gourmande dont le fruit acidulé tapisse le palais. Plus aérien que vraiment concentré mais de belle ampleur avec du fond et un équilibre parfait entre sucre résiduel et acidité. Fin de bouche d’une fraîcheur optimale rehaussée par quelques amers subtils. Belle longueur élancée et toute en finesse. Excellent et prometteur.
Toro Albala Montilla-Moriles Don PX Gran Reserva 1979 (Andalousie – Espagne)
100% pedro ximenes passerillé sur nattes. Macération de 12 mois et mutage à l’alcool. Elevage en fût de bois américain pendant 20 ans avant mise en bouteilles. 17 %.
Bouquet puissant sur le café, le chocolat, le pruneau, les dattes et figues séchées. Puis aussi notes de noix de cajou et de raisin de corinthe avec une note éthérée d’alcool. Bouche grasse, épaisse et extrêmement concentrée. Le sucre et l’alcool sont parfaitement équilibrés par une acidité bien dosée. Finale de persistance imposante sur le caramel. Une gourmandise à siroter dont on ne se lasse pas à petite dose..
Weingut Kerpen Wehlener Sonnenuhr Riesling Auslese *** 1996 – AP 15-97 (Moselle – Allemagne)
Versteigerungswein (Bernkasteler Ring) dont j’ai malheureusement perdu les données d’analyse…
Bouquet marqué par le rôti du botrytis, puis abricot et citron confits, miel d’acacia, encaustique, confiture de mirabelle. Eclat de silex discret en arrière-plan. Bouche de grande douceur, délicate, à la liqueur complètement intégrée. Ce n’est pas très concentré mais assez tonique avec une acidité mûre et salivante. Fin de bouche évoquant le cassis. Longueur discrète et un peu floue mais délicate et persistante sur les fruits au sirop. Evidemment difficile de passer après le monstre Don PX…
