Les régions (suite)
Klimenti - Juillet 2018
Domaine Gioulis
Fils d’agriculteur producteur de raisins secs et originaire de Klimenti, Georges Gioulis pressentait le potentiel de ce haut-plateau reculé sis entre 600 et 800 mètres d’altitude, entouré de hautes collines, aussi proche à vol d’oiseau de Néméa que de Corinthe mais prédestiné à offrir des caractéristiques gustatives spécifiques. Et c’est le premier qui le concrétisa. A la fin de ses études d’agronomie puis d’oenologie à Bordeaux, le vignoble (en cépages de cuve) n’existait pas. Il a commencé par planter du cabernet sauvignon en 1993 puis d’autres variétés ont suivi, agiorgitiko, moschofilero, sauvignon blanc et surtout le rare sauvignon gris qu’il a connu et apprécié à Cognac. L’initiative fut couronnée officiellement par la création d’une IGP Klimenti en 1996 mais, à dire vrai, cette reconnaissance fit peu d’émules. Au point que le domaine Gioulis est le seul à avoir effectué une reconversion vers la viticulture et que d’ailleurs. Bien qu’isolée administrativement, les contacts professionnels de la zone se nouent logiquement avec la région voisine de Néméa qui l’englobait auparavant.
Poursuivant encore sa recherche des terroirs adaptés à son projet, un vignoble de chardonnay exposé plus au nord à une altitude de 1000 m et regardant le Golfe de Corinthe a été planté plus récemment. La superficie compte aujourd’hui 8 ha répartis sur des emplacements voisins des installations avec un rendement moyen faible de l’ordre de 60 à 80 qt/ha.
Sur le choix de planter autant de cépages internationaux, la réponse est claire : "les cépages grecs sont en général de maturation tardive et demandent plus de chaleur ; ainsi l’agiorgitiko devrait être récolté fin octobre voire même début novembre si on voulait obtenir la même maturation qu’à Némea". D’ailleurs, vu la typicité de la zone, le pinot noir (dans l’optique d’un effervescent) ou le malbec pourraient rentrer dans les plans futurs de diversification.
Selon Georges Gioulis, Klimenti, au climat semi-continental, est sans doute une des régions les plus froides de tout le Péloponnèse, en tout cas en hiver où on atteint régulièrement les 20° sous zéro. Et en été, les écarts de température entre le jour et la nuit peuvent être très importants. Finalement, les avantages de ce microclimat l’emportent sur les inconvénients car s’il y a quelques risques de grêle ou de pluie drue, on n’y a jamais connu de gros problèmes de gel pour autant que l’on choisisse avec sagacité les endroits où planter. La maturation peut donc s’effectuer de manière lente et régulière grâce à des étés ensoleillés et relativement frais sous l’influence des vents du nord. En outre, ce microclimat sec et ventilé réduit le risque de maladies et empêche la prolifération des insectes nuisibles. On ne s’étonnera donc pas que le domaine a été un des premiers en Grèce à être conduit exclusivement en agriculture bio et à être certifié. L’apport extérieur se limite à la plantation entre les rangs de vesce (vicia sativa), plante qui permet de fixer l’azote et qui est ensuite enfouie dans le sol par labourage, et aux traitements au cuivre et soufre. Enfin, lors des vendanges, fin septembre ou début octobre, les températures matinales dépassent rarement les 10°, ce qui facilite les fermentations en évitant naturellement les coups de chaud.
Georges Gioulis l’affirme avec une sorte de fierté : « Klimenti est une région magnifique, au terroir impeccable qui demande peu d’intervention. Les sols ont un pH élevé et proposent une base organique utile supérieure à 3%. On a un bon équilibre et une bonne fertilité. »