Menu:

 

 
Focus :

Les dégustations

arrow Voir les fiches

Liens:

arrow Liens utiles
arrow Télécharger

Notes complètes

arrow Contact

 

 

© P. Krier

 

Italie - Val d'Aoste

La viticulture valdotaine est une vieille histoire qui remonte au moins au haut moyen-âge, ainsi qu'en atteste une fresque du château d'Issogne, et peut-être même avant, à la période romaine, même si on en n'a pas conservé de traces tangibles. A son apogée pré-phyloxérique, fin du 19me siècle, le vignoble comptait près de 4000 Ha. L'insecte l'a quasi réduit à néant et les guerres puis l'industrialisation croissante de la vallée ont freiné une renaissance timide, démarrée seulement dans les années 1950 sous l'égide d'une Ecole Pratique d'Agriculture récemment créée à cet effet, pour réellement se concrétiser une bonne vingtaine d'années plus tard ainsi qu'on le lira plus avant.

Structure administrative.

Une seule appellation (DOC) chapeaute les crus de la vallée : « Vallée d’Aoste DOC ». Il n’y a ni DOCG ni IGT. Mais on peut évidemment vendre sa production en vin de table.

Cette appellation comporte pas mal de désinences, soit liées au cépage (ex : « Vallée d’Aoste Fumin »), soit liées à une zone géographique (ex : « Vallée d’Aoste Donnas »), soit cumulant les deux (ex : « Vallée d’Aoste Nus Malvoisie »), de sorte qu’au total, on y dénombre pas moins de 31 appellations, en ce compris les éventuels différents modes de vinifications qui s’y ajoutent (ex. « Vallée d’Aoste Chambave Muscat Flétri »).
Il faut noter qu’une appellation faisant référence au cépage n’exige pas 100% de ce cépage mais seulement 85% mais cette tolérance (d’ailleurs conforme au droit européen) n’est pas la règle dans la pratique.

Justement, concernant les cépages, un des atouts de la région est de proposer un grand nombre de cépages autochtones en parallèle avec des cépages internationaux plantés ultérieurement (principalement dans le seconde moitié du XXème siecle). Parmi les cépages locaux dignes d'intérêt, on peut mentionner le prié blanc et, surtout, la petite arvine (arrivée de Suisse) en blanc ainsi que le petit rouge, le fumin, le cornalin (en réalité équivalent à l'humagne rouge du Valais), le vien de nus et le vuillermin en rouge. En ce qui concerne les cépages internationaux, on y trouve, entre autres, de remarquables chardonnay, pinot noir et syrah. Quant aux muscat blanc, pinot gris et nebbiolo, on pourrait presque les considérer comme autochtones tant leur présence sur place remonte à des décennies et bien avant le 20ème siècle..

Structure géographique et terroir

Le vignoble est situé dans la vallée de la Dora Baltea qui prend sa source dans le massif du Mont Blanc pour se jeter dans le Pô, bien plus au Sud, dans le Piémont, à l'est de Turin. Géographiquement, on pourrait distinguer trois secteurs présentant  des différences qui ne se situent pas toujours qu’à la marge, du moins en théorie. La pluviosité, les encépagements, parfois les modes de culture, sont différents pour partie mais les sols et les expositions ne varient globalement que sur des points de détails.

Le terrain est constitué de débris morainiques sableux avec peu ou pas d’argile du tout, donc très filtrants et le vignoble est en grande majorité exposé au sud sur le versant de vallée dit « Adret ». Une partie limitée des vignes en superficie, mais de grande importance qualitative est située sur l’ « Envers » regardant le nord, entre Aoste et Introd et comprend la très réputée commune d’Aymavilles. En dehors de ces quelques rares différences d’exposition, les seules réelles variables d’ajustement sont l’altitude des parcelles et l’un ou l’autre micro-climat très spécifique. Au total, il est clair que l’on se trouve en face d’une viticulture de montagne sous climat continental très ventilé et de faible humidité relative.

On pourrait ainsi différencier plusieurs « routes des vins » (par référence aux montagnes qui les dominent). Les altitudes mentionnées correspondent au fond de vallée et au piémont immédiat; les vignes se situent sur les coteaux et donc davantage en altitude.

  • Les vins du Mont Blanc (haute vallée autour de Morgex et La Salle : altitude moyenne 900 m mais les vignes peuvent monter jusqu’à 1200 m)

L’altitude moyenne y est plus élevée et l’encépagement, conduit horizontalement en pergola basse, voué principalement au prié blanc, cépage autochtone au cycle particulièrement court, qui donne des vins secs tranquilles et effervescents ainsi que quelques très confidentiels liquoreux.

Les vins du Gran Paradiso (vallée médiane d’Arvier à Aosta : 650 à 750m)

 


Ces trois secteurs représentent la zone la plus étendue en matière d’encépagement et de vins produits et cette sous-région comprend également le plus grand nombre de domaines indépendants. Même si on y trouve du cordon de royat, et des gobelets, la taille guyot simple est assez généralisée. Le climat y est plus sec avec une pluviosité, concentrée au printemps et à l’automne, (500 mm / an environ) moitié moindre par rapport à la haute et à la basse vallée.

  • Les vins du Monte Rosa (basse vallée de Arnad à Donnas : 400 à 450 m)

Par sa configuration, le vignoble rappelle déjà le Piémont voisin et son appellation de Carema. On y trouve surtout du nebbiolo (appelé ici « picotendro »), cultivé sur des terrasses étroites et mené en pergolas caractéristiques.

Structure économique et renouveau historique

Partout, le vignoble est extrêmement morcelé, disséminé à flancs de coteaux, et les parcelles sont de taille réduite (bien moins d’un demi-hectare en moyenne). Par ailleurs, la densité de plantation est plus importante qu'ailleurs en Italie puisqu'elle se situe entre 8000 et 10000 pieds/ha. En dehors des coopératives et de quelques rares exceptions, les exploitations viticoles travaillent une superficie qui ne dépasse pas les 4 ou 5 ha (certains se contentent même de moins, associant parfois cette activité à de l’agriturismo ou autre activité économique).

Au total, le vignoble du Val d'Aoste comprend aujourd'hui environ 400 ha destinés à la production de vins commercialisés (hors production privée donc) ce qui représente environ 2 millions de bouteilles sur le marché. La plupart des vins sont consommés sur place (70%) ou en Italie (15%). La part de l’export est minime. La structure et la petite taille des exploitations ne prédisposent évidemment pas à cela.

Les  caves coopératives dominent la production (elles mettent ensemble sur le marché près de 1 200 000 bouteilles soit 60% des vins).

Ce sont :
Cave du Mont Blanc Morgex et La Salle à Morgex (140 000 bouteilles)
Co-Enfer à Arvier (40 000 bouteilles)
Cave des 11 Communes à  Aymavilles (450 000 bouteilles)
La Crotta di Vegneron à Chambave (200 000 bouteilles)
La Kiuva à Arnad (90 000 bouteilles)
Cave de Donnas à Donnas (150 000 bouteilles)

Auxquelles on peut ajouter une société (consortium) filiale des deux premières et de la Crotta vouée aux vins effervescents :
Quatremillemètres à Arvier (100 000 bouteilles)

Ce sont celles-là qui ont relancé la viticulture locale, en sommeil depuis longtemps comme on l'a lu précédemment, les premières dans les années 1970, la Cave des 11 Communes une petite vingtaine d’années plus tard. Elles sont d’ailleurs à l’origine des premières appellations d’origine de la vallée (Vin de Donnas en 1971 et Enfer d’Arvier en 1972).
Les domaines particuliers ont suivi début des années 1980 sous l’égide de Constantino Charrère (Les Crêtes), précurseur emblématique du renouveau, bien que quelques domaines plus discrets comme Grosjean avaient déjà, d’une certaine manière, « lancé le train ». A cet égard, l’impact de l’Institut Agricole Régional, créé en 1982 pour prendre le relais de l'Ecole Pratique d'Agriculture, est à prendre en haute considération, tant par les formations techniques et de terrain dispensées que par les études et expérimentations réalisées sur les cépages et terroirs locaux.

Aujourd’hui, les domaines « historiques » du siècle passé, qui se sont par ailleurs bien agrandis, sont de plus en plus rejoints par une génération nouvelle et dynamique, parfois forte d’une expérience à l’étranger. Les jeunes se parlent (notamment via le groupe « Giovani Vignerons) et le relève semble en bonne voie. Beaucoup de domaines de taille plus réduite, souvent  inférieure à 5 ha, se sont ainsi créés dans les années 2000 et donnent du carburant à cette région dont les vins croissent chaque année en qualité mais aussi, malheureusement, en prix…

 

 

Lire la suite : les domaines

 

Retour ->